Semaine de jihad spirituel: Troisième jour
Musulmans et chrétiens, nous nous sommes retrouvés dans l’église du monastère pour une réunion spirituelle. Nous avons lu la Genèse (pardon de Joseph à ses frères, de Jacob à ses fils) et le Coran (récit parallèle dans la sourate de Joseph).
Nous avons ensuite lu quelques pages d’une conférence du Cheikh Jawdat Sa’id, prise du livre « La retraite dans les religions » (éditions Al Khalil). Là encore, le thème central était la force du pardon, et le fait que son existence est une preuve du progrès humain.
Quelques interventions des participants :
Y a-t-il une alternative à la violence ?
Dans l’un des textes de l’Evangile, nous voyons Jésus/Issa utiliser une sorte de violence pour chasser les marchands du temple et montrer sa colère en utilisant un fouet. Nous avons dit que cette colère était provoquée par l’agression des vendeurs contre les choses sacrées. Et aujourd’hui, c’est contre les violations des droits humains que Jésus se met en colère, car ce sont là également de choses sacrées. Pourtant, Jésus n’atteint pas le degré meurtrier de la violence, mais au contraire utilise la force dans une perspective éducative et de manière symbolique : c’est là la force des pacifistes.
Les participants ont échangé leurs vues sur la signification du logo de notre semaine :
« Les feuilles d’olivier, c’est le symbole de la paix »
« Nous sommes à la croisée des chemins… la voie du succès, ou bien la voie vers l’abîme, vers la violence. Nous ne pouvons plus différer, c’est maintenant que nous devons choisir de nous engager dans une voie ou l’autre »
« Si nous regardons le dessin à l’envers, nous pouvons voir deux routes qui se rejoignent. Et les olives noires représentent nos martyrs à la valeur inestimable ».
« J’espère que la fin sera blanche, comme le fond de ce logo ».
Le mot du jour, c’est le pardon, de même qu’hier c’était la réconciliation.
« On ne peut pas oublier le passé, et pourtant c’est nécessaire pour un pardon en profondeur, de même qu’une compréhension profonde des souffrances de l’autre camp »
Une des amies présentes : « Je viens de Tell Kalakh, et ce que je vis actuellement, c’est une véritable division de la société, ce qui m’affecte beaucoup. Ce que je crains, c’est une montée des haines réciproques. Pourtant, en même temps, il y a beaucoup d’initiatives individuelles en faveur de la tolérance, du rapprochement et de l’unité. Il faut un effort pour aller vers l’unité, au niveau des personnes qui vivent ensemble. C’est déplorable, mais nous sommes maintenant divisés, ce qui nous blesse profondément. Mais je vois aussi des graines, des initiatives limitées, de la part de divers camps, pour rassembler ce qui était divisé, ce qui était éloigné. Que tout aille bien, si Dieu veut. »
Après cela, notre amie Isabelle, qui est venue de Belgique pour participer à notre semaine de jihad spirituel pour la réconciliation, nous a raconté une histoire écrite et illustrée par elle, pour les enfants, intitulée « Le Petit Qum ». Elle a vécu un an dans un village syrien, et c’est là un cadeau pour les enfants de ce pays. L’histoire parle d’un enfant qui veut voir le soleil depuis le haut de la montagne. Sa famille l’en dissuade, à cause du « mur de la fin » et de la forêt sauvage qui est derrière, peuplée d’animaux dangereux et d’habitants impitoyables… Qum découvrira que les bêtes sauvages, elles aussi, ont beaucoup souffert des gens de la plaine comme lui, qui ont tué leur proche. Qum pleure avec le lion, puis ils deviennent amis, ainsi qu’avec les habitants de la forêt. Tous ensemble, ils gravissent la montagne du soleil… L’histoire aborde la peur réciproque, l’hostilité et les préjugés négatifs nés des souffrances.