Semaine de jihad spirituel: Deuxième jour
Paroles des participants à la rencontre spirituelle de mi-journée
Nous avons lu dans l’église l’Evangile (Luc 6, les Béatitudes) et le Coran (Al Hajrât, 9-11)
Après cela, nous avons lu un texte d’une conférence du Cheikh Jawdat Sa’id, extrait du livre « L’expérience spirituelle et le progrès social » (éditions Al Khalil).
Michel Kilo était avec nous et a dit : ce dont je me souviens à propos de Jawdat Sa’id, c’est un débat avec le Cheikh Mohammad Sa’id Ramadan al Bouti. Bouti disait : « il y a Dieu, et il n’y a rien d’autre ». Et Jawdat Sa’id répondait : « non, il y a Dieu et il y a l’Homme, celui qui ne voit pas l’Homme ne voit pas Dieu ». Jawdat Sa’id est un homme de paix, un homme de liberté, un homme d’amour, un homme de simplicité, un homme de vérité, car la vérité est généralement dans la simplicité. Il ne parle pas en partant de l’idée qu’il a raison et l’autre tort : « Ma justesse contient de l’erreur, ton erreur contient de la vérité ». Jawdat Sa’id représente l’Islam, il représente la religion, il représente l’humanité dans son image la plus élégante. C’est un homme qui ne ressemble pas beaucoup à notre époque. Car il appartient au temps de l’espoir, de l’espérance, de l’humanité. Nous souhaitons être en route vers ce temps et Jawdat Sa’id est un des plus grands modèles sur cette route.
Un moine de la communauté : « Dieu se manifeste dans l’amour qui transcende la sauvagerie de ce monde. Quand deux personnes préservent leur relation mutuelle à travers les souffrances, par exemple si l’un des deux est en prison, c’est là que Dieu se manifeste »
Michel a ajouté : « L’humanité est torturée, partout nous voyons l’oppression, l’injustice, l’hostilité contre l’humain, la pauvreté, les préjugés. Nous devons distinguer l’humain de ce qu’il croit et voir tous les hommes comme égaux dans leur valeur en face de Dieu. La nature de l’Homme, c’est sa liberté, et dans cette nature les gens sont égaux, c’est pourquoi il faut que l’homme soit émancipé de l’oppression, de l’injustice et des préjugés. Je ne peux pas juger un homme en fonction de son appartenance à une certaine croyance, car sa nature provient de son existence en tan qu’être libre, et son importance provient de son humanité. Il faut débarrasser nos âmes de leurs scories, de leurs péchés, nous ne pouvons pas vivre dans un monde de vanité et d’orgueil, nous devons être simples et convaincus de notre égalité en tant que gens libres. L’homme doit être humble et accepter l’autre comme il est, c’est cela la signification de la morale, de la position humaniste.
Et Michel nous a cité le verset coranique suivant : « Ne marche point dans sur la terre avec insolence ! Tu ne saurais déchirer la terre et atteindre en hauteur les montagnes »
Son ami ajouté : « J’ai été ému de voir, dans cette réunion, quelqu’un lire le Coran, puis un autre lire l’Evangile, je ne m’attendais pas à voir une telle chose, ce qui se passe ici est formidable. Je pense que tous les chrétiens devraient voir cela, peut-être ne pouvons nous pas résister au mal, mais au moins nous ne devons pas nous allier avec lui ».
Un des participants : « Le mal existe depuis longtemps, et nous nous trouvons sans cesse devant cette interrogation sur l’existence du mal. Le silence et la prière sont une occasion d’encouragement, une occasion d’être encouragés par l’exemple de Jésus Christ. Dans ce monde qui brûle, noue pouvons être une chose qui fait se relever la vérité ».
Un autre ami : « Quand j’ai vu le logo de cette semaine, j’ai imaginé deux routes, et j’ai pensé qu’en dépit de tout ce qui nous a séparés, nous nous rejoindrons un jour ».
Un novice : « Que peut faire l’Europe en cette période ? ». Michel : Elle ne doit pas oublier, même en suivant son intérêt comme il est naturel, que l’humain dans ce monde arabe a des droits, que ces droits sont méprisés, elle ne doit pas oublier l’humain au profit des intérêts matériels. Les droits de l’homme sont eux-mêmes un grand intérêt, plus important que les intérêts matériels. Quand Sarkozy est venu en Syrie en 2008, il a prononcé un discours où il disait que chaque pays a sa propre compréhension de la liberté, en fonction de son histoire et de sa culture. C’est comme s’il il disait que la liberté d’était pas une valeur essentielle. Je lui ai envoyé une lettre depuis ma prison, rappelant qu’en 1790, lors d’un débat à l’Assemblée, il avait été dit : « Tout opprimé dans le monde est français, tout persécuté dans le monde est français. ». Tu parles le jour de la Révolution française et tu oublies que tu es un fils de cette Révolution ! Il ne faut pas oublier que la liberté est une valeur universelle. Tous les hommes sont mûrs pour être libres, et c’est en étant libres qu’ils s’humanisent, ou en tout cas ont la possibilité de s’humaniser.
Question d’un participant : « Où allons-nous ? ». Michel : Nous sommes devant la plus grande crise politique de notre histoire, et la méthode employée face à cette crise n’est pas pacifique, ce qui nous mène vers le pire. Si nous ne stoppons pas cette mécanique de violence, nos existences, nos vies, notre présent et notre futur seront menacés. Nous devons arrêter cette mécanique de violence et ouvrir la voie pour le dialogue et la liberté.